Ce contentieux portait sur l’exploitation de la forêt communale autour du moulin de Mackenheim, une exploitation qui avait une incidence sur les pratiques funéraires de la communauté juive. Cette communauté comptait alors 7 membres. Mais déjà à cette époque, le cimetière desservait d’autres communautés et en particulier celle de Breisach jusqu’en 1755, date à laquelle cette communauté disposa à nouveau d’un cimetière. On dénombre une trentaine de tombe de personnes originaires de Breisach. On peut citer la tombe de Joseph Günzburger décédé en 1727 qui fut un protecteur de sa communauté, une sorte de syndic général, un porte-parole, un vocat de la cause juive au 18ème siècle, à l’image de ce que fut, deux siècles plus tôt Josel de Rosheim pour les communautés alsaciennes.
Rapidement ce cimetière se révèle insuffisant et doit être agrandi. Une acquisition de terrain a lieu en 1629 suite à une forte crue du Rhin qui en avait emporté une partie. Elle est suivie d’une seconde en 1685. A partir du 18ème siècle, d’autres cimetières comme Schmieheim (vers 1700) ou Vieux-Breisach (1755) vont être ouverts, suivis en 1810 par Grussenheim. Mackenheim deviendra petit à petit le cimetière de la seule communauté locale. Pourtant un agrandissement sera encore nécessaire en 1775 portant sur 760 m2 achetés 400 florins. Une dernière tentative d’agrandissement est menée en 1819 mais n’aboutit pas.
La stèle la plus ancienne mis à jour date de 1669 ; elle garde le souvenir d'Abraham ben Eléazar, enterré le 3 Tamouz 429 du petit comput (2 juillet 1669). De cette première période, nous trouvons encore les stèles du rabbin Jérémie, fils de rabbin Jeduha qui, après avoir été président du Tribunal Rabbinique et directeur de l'école Talmudique à Gunzenhausen (Bavière), devient rabbin des juifs de Haute-Alsace en 1684. Il décède en 1685 dans la ville de Saint-Louis les Breisach, éphémère cité surnommée "ville de paille" où les juifs de Vieux Breisach avaient dû s'installer. Cette ville avait été construite sur ordre de Louis XIV vers 1680 et fut détruite vers 1703 dans le cadre des accords du traité de Ryswick pour calmer la Maison d’Autriche. Elle était le siège du Conseil d’Alsace et comptait jusqu’à 2000 habitants, dont un grand nombre de juifs qui approvisionnait l’armée en chevaux
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Des documents datant du 16ème siècle attestent déjà de la présence de quelques familles juives à Mackenheim. De manière certaine, il peut être établi que la communauté juive était présente au village tout au long du 17ème siècle. Dans le registre des « Villages de la Noblesse de la Basse Alsace » de 1725 figurent le nom de 7 chefs de famille juive et la date de l’établissement de chacune d’elle : Salomon Ach, accueilli en 1699, Sissel Jacob en 1708, Meyer Joseph en 1710, Mennel Joseph en 1714, Isaac Ach en 1715, Meyer Ach, en 1719.
Stèle du rabbin Jirmeja ben Jehuda datant de 1685 (Archives Günter Boll) La plupart des familles juives est de condition modeste et vit principalement du commerce de bestiaux. « Un logement des juifs mendiants » est créé en 1839 pour héberger les colporteurs et autres indigents. C’est entre 1848 et 1852 que la population juive est la plus importante ; elle compte 150 à 160 âmes. Mais à partir de 1860, l’exode rural conduit à une forte diminution de la natalité et au vieillissement de la communauté. En 1934, il n’y a plus que 9 familles juives à Mackenheim. Aujourd’hui, la communauté juive s'est éteinte. |
Stèle de Mindel bat Juda Mosche Jirmeja décédé en 1703
(Archives Günter Boll)